Noms de rues divonnais – 2ème page

Les pages Noms de rue divonnais sont dédiées aux factrices et facteurs divonnais.

Vie de l’Etraz

« Vie » est la déformation du latin via (= route, voie, chemin). On disait jadis que Vie de l’Etraz était la transformation de via strata qui signifiait en latin « voie pavée, voie empierrée, voie pourvue d’un revêtement ». Et l’on en déduisait que les routes portant ce nom avaient été tracées par les Romains. C’était oublier que le latin a été utilisé bien après l’époque gallo-romaine, jusqu’au Moyen Âge.
La Vie de l’Etraz vient du lac de Neuchâtel, arrive à Divonne par La Rippe, quitte Divonne en direction de Vesancy, traverse tout le Pays de Gex en passant juste au-dessus des sources et se poursuit dans le département de l’Ain. Est-elle antérieure à la colonisation romaine? A-t-elle été tracée par les Celtes? Date-t-elle du Moyen Âge? Mystère!
L’historien Alain Mélo écrit dans son livre Voies de communication dans les montagnes de l’Ain – Collection Patrimoine des Pays de l’Ain, page 34 : « Etraz, n. m. (latin (via) strata, chemin construit en strates, par empilement de niveaux de matériaux plus ou moins grossiers). Le mot « étraz » est resté, au moins jusqu’au XVIe siècle, un nom commun pour désigner les routes d’une certaine importance. Il ne désigne donc pas nécessairement une « voie romaine ».
On retrouve le mot « Vie » dans la rue Vie d’Orée à Arbère, le chemin qui menait à l’orée du bois.

Rue Palud

Le mot palud signifiait marais en vieux français. Il a donné paludisme (fièvre des marais). La rue Palud menait aux marais. On retrouve le mot palud déformé à Genève dans Plainpalais qui voulait dire plaine marécageuse.

Rue Guy de Maupassant

L’écrivain Guy de Maupassant est venu « prendre les eaux » à Divonne (qui ne s’appelait pas encore Divonne-les-Bains) pendant l’été 1891. Il espérait soigner les névralgies et les douleurs oculaires dont il souffrait atrocement. Il était atteint par la syphilis qu’on ne savait pas soigner à l’époque. Il a été l’un des rares « baigneurs » à pouvoir supporter l’eau froide de la source Barbilaine qui alimentait la piscine de l’institut hydrothérapique (5° d’après lui!). Il adorait l’eau froide. Seule l’eau froide lui apportait quelque soulagement. Guy de Maupassant a logé plusieurs jours en juillet à Vésenex (commune indépendante de Divonne à l’époque) avec son valet de chambre François Tassart, qui a rendu compte de ce séjour dans « Souvenirs sur Guy de Maupassant par François son valet de chambre » – éditions du Mot passant.

Chapitre XVII : « Mon maître désire être un peu éloigné du centre du bourg ; aussi c’est dans la campagne, chez la veuve d’un médecin, dans une sorte de ferme, que nous prenons un pied-à-terre. Les jours suivants, je partis faire les provisions au village, et je revins par des sentiers qui traversaient des champs d’avoines et de blés dorés (…) M. de Maupassant, lui, va par la route prendre sa douche, deux fois par jour. Mais ce chemin lui paraît long par sa monotonie ; seuls, quelques rares noyers coupent un peu l’horizon et jettent une note pittoresque dans le ciel d’un bleu foncé. Il y a bien le mont Blanc là-bas, mais il est loin, puis on le laisse à gauche pour aller à Divonne. »(François Tassart)

De fin juillet à début septembre, Guy de Maupassant et son valet de chambre ont logé au centre de Divonne, au chalet du Mont Blanc, en face de l’hôtel de La Truite. Ils ont apprécié cet hébergement. Guy de Maupassant n’a pas pu terminer le manuscrit qu’il avait apporté à Divonne, « L’Angélus ». Sa maladie a empiré. Il est mort à Paris deux ans après sa cure divonnaise, à l’âge de 43 ans.

Guy de Maupassant a donné son nom au groupe scolaire Guy de Maupassant et à la rue Bel Ami qui relie la rue Guy de Maupassant à la rue Jean de Gingins. Le roman de Maupassant Bel Ami, publié en 1885, raconte l’ascension sociale d’un jeune homme qui se fait passer pour journaliste mais fait écrire ses articles par des femmes. Le roman décrit la relation des journalistes au pouvoir et à l’argent, en soulignant la participation active, mais reléguée au second plan, voire tenue secrète, des femmes dans la vie culturelle du XIXème siècle.

Avenue de l’aqueduc (anciennement avenue des Pontets)

L’avenue de l’aqueduc suit une portion de l’aqueduc souterrain de 10 ou 11 km, construit par les Romains au premier siècle pour alimenter en eau potable les thermes, les fontaines publiques et les demeures des riches patriciens de Noviodunum (Nyon), centre urbain de la Colonia Julia Equestris. Il partait vraisemblablement de la source Emma. On a mis à jour un puits de visite, en bas du chemin qui monte à l’école Guy de Maupassant. (Photo ci-contre).

Nous recommandons absolument la visite du Musée romain de Nyon : il renseigne agréablement sur l’aqueduc Divonne-Nyon, la Colonia Julia Equestris et l’utilisation de l’eau par les Romains. Nous recommandons également le livre ça coule de source! édité par le Musée Romain. Il comprend beaucoup de dessins et de photos qui expliquent la construction de l’aqueduc Divonne-Nyon. (Ci-contre, couverture du livre).
Voir sur Raconte-moi Divonne le récit d’une visite de l’aqueduc avec ARPADI en 2015 >>>


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