Divona était une divinité des sources vénérée par les Gaulois. Elle a donné son nom à des sources miraculeuses en Gaule, en particulier à la Divona Cadurcorum (Cahors). Au 4ème siècle, le poète de langue latine Ausone (Decimus Magnus Ausonius) a chanté une source Divona de sa région natale, l’Aquitaine :
Salve, fons ignote ortu, sacer, alme, perennis,
Vitree, glauce, profunde, sonore, inlimis, opace!
Salve, urbis genius, medico potabilis haustu,
Divona, Celtarum lingua, fons addite divis!
Salut, source d’origine mystérieuse, sacrée, nourricière, éternelle,
transparente, verte, profonde, chantante, limpide, ombreuse!
Salut, génie de la ville, breuvage curatif,
Divona en langue celte, source d’ordre divin!
Ces quelques vers ont longtemps été considérés comme une marque de fabrique à Divonne, laissant supposer aux visiteurs qu’Ausone les aurait écrits à Divonne…
A la Belle Epoque le quatrain était gravé sur une stèle surmontée d’une statue de naïade entourée de verdure foisonnante. Là, jaillissait une source que les cartes postales d’alors désignaient comme La source.
Nous l’appelons aujourd’hui « source Ausone ».
Elle jaillit incognito sous le casino.
En plus de la fameuse source Divona Cadurcorum, très souvent citée, on trouve le nom de Divona dans plusieurs contrées de France, pour désigner une source ou une rivière, parfois transformé en Yonne, Devèze ou Andiole, etc. On trouve à Tonnerre une Fosse Dionne (Fosse venant ici du mot latin fons = source, qui a donné « fontaine ») et une Fontaine Divone à Mérignac, près de Bordeaux. Ne serait-ce pas celle-là qui aurait inspiré Ausone, né, peut-être à Bordeaux?
Les toponymes d’origine celte ou gallo-romains se sont transformés au cours des siècles. Ils disparaissent progressivement de la mémoire collective. De plus, certaines sources se sont taries, comme la Fontaine Divone à Mérignac où aucune eau ne coule! Mais on voit le nom commun féminin « une divonne » apparaître dans la littérature du 19ème siècle. Exemple : « Vis-à-vis, de l’autre côté de la rivière, était la charmante vallée du Tromeur, arrosée par une ancienne divonne ou fontaine sacrée, que le christianisme sanctifia en y rattachant le culte de la Vierge ». (Ernest Renan – Revue des Deux Mondes – 15 mars 1876).
Pour plus de renseignements sur la déesse Divona, on peut lire dans http://www.gallica.fr Les religions de la Gaule avant le Christianisme de Ch. Renel, professeur adjoint de la Faculté de Lyon, Ernest Leroux éditeur 1906. « Les esprits gaulois des rivières furent assimilés par les Romains aux nymphes et sont invoqués fréquemment sous ce nom dans les inscriptions », etc. >>>
Notons encore que le mot latin dives correspond en français à « riche, abondant ». One ou ana signifiant rivière qui court (comme dans le Rhône ou l’Annaz, rivière du Pays de Gex), on devrait peut-être repenser l’étymologie de Divonne qui pourrait signifier « eau abondante ». Si l’on se base sur d-ive on retrouve Ive, si fréquent dans les lieux où il y a de l’eau comme dans Yvette. Pensons aux nombreux toponymes de notre région Yvoire, Yvonand, Yverdon…
Divona signifierait une source qui donne lieu immédiatement à une rivière, ce qui est le cas pour la Divonne. N’oublions pas que jadis Divona désignait la source, le village, et non la rivière qui s’appelait la Versoix et a pris le nom de Divonne au milieu du 19ème siècle, quand le village de Divonne devenait célèbre grâce à ses eaux thermales.
Le nom de la source Barbilaine viendrait, d’après l’historien Alexandre Malgouverné, du nom de Borvo, dieu celte des eaux bouillonnantes et des eaux chaudes que l’on retrouve dans Bourbonne-les-Bains, La Bourboule, Bourbon-Lancy, Bourbon-l’Archambault, Barbotan-les-Thermes et, qui sait? peut-être aussi Bordeaux…