Raymond Grosgurin (1927-2015) est l’historien de Divonne. Son ouvrage principal « Divonne au Fil des Siècles » (1986) est la base incontournable pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de Divonne. Il est malheureusement épuisé. On en trouve sur internet.
Après la parution de son livre Divonne au Fil des Siècles en 1986, Raymond Grosgurin a été régulièrement convoqué par la mairie ou l’Office de Tourisme de Divonne pour des conférences qu’il donnait dans les salons du Grand Hôtel. La mairie lui demandait des recherches et des travaux historiques, en fonction de l’actualité (1989 : anniversaire de la révolution française – 1992 : centenaire de l’appellation Divonne-les-Bains – 2000 : cent-cinquante ans de la station thermale).
Au début des années 90, il a conçu pour le Service Culturel de la mairie de Divonne une dizaine (une quinzaine ?) de panneaux d’exposition réalisés par une entreprise spécialisée, qui ont été exposés à la salle des fêtes sur 4 thèmes : Un passé mouvementé – Les sources, l’eau – L’économie (artisanat, hôtellerie, casino) – L’environnement. Certains de ces panneaux ne sont plus d’actualité, mais d’autres, encore valables, pourraient être mis en valeur. Ils seraient utiles aux nouveaux Divonnais. Ont-ils disparu ?
Raymond Grosgurin est quelqu’un d’important dans la culture divonnaise. Né à Divonne où il passa son enfance et sa jeunesse, il était connu de tous les Divonnais, même si sa profession d’enseignant l’avait amené à vivre à Miribel, près de Lyon. Il passait ses vacances dans sa maison familiale de Divonne. Il suivait attentivement le développement de la ville.
Diplômé de l’Ecole Normale, il a enseigné l’Histoire et la Géographie à Lyon, aux lycées Lumière et Colbert, puis à l’Ecole Normale Nationale d’Apprentissage.
Jeune, il avait eu la poliomyélite qui lui avait donné une démarche particulière : il marchait lentement en s’appuyant sur une canne et en traînant en peu la jambe. Malgré ce léger handicap, il restait très élégant, toujours souriant. Tout le monde appréciait sa courtoisie et sa délicatesse.
Raymond Grosgurin avait une grande admiration pour le métier de lapidaire pratiqué par ses ancêtres jurassiens. Il connaissait parfaitement l’atelier que son grand-père, Ernest Benoît-Gonin, originaire de Mijoux avait installé à Divonne en 1910 dans l’ancien moulin Muller, peu après la source de la Divonne, au bord du golf, à la confluence de la Divonne avec la Vouattaz et le Clézet, ce qui a donné le nom de Villa des Eaux à la maison d’habitation voisine de l’atelier. L’atelier Benoit-Gonin se trouvait au lieu-dit le Paradis, 50 mètres en amont du barrage du Paradis.
Dans son livre Divonne au fil des Siècles, Raymond Grosgurin raconte, pages 230 et 231, que son grand-père avait remplacé la roue hydraulique par une turbine qui fonctionnait avec l’énergie d’un bief de 40 mètres, aujourd’hui disparu, et qu’il employait une douzaine d’ouvriers et ouvrières. Après la guerre de 14, quand l’industrie diamantaire a connu une baisse d’activité, il a accueilli des diamantaires qui quittaient la diamanterie coopérative de Plan.
En 1932, Ernest Benoit-Gonin remit l’entreprise à son gendre (le père de Raymond Grosgurin). On imagine l’émerveillement de l’enfant quand il voyait son père saisir délicatement avec une pince spéciale les saphirs, émeraudes, aigues-marines, topazes, tourmalines, turquoises… et les faire chatoyer dans la lumière pour les vérifier avant d’aller les vendre à Paris, Londres, Amsterdam, Anvers. Mais la situation internationale n’était pas favorable aux pierres précieuses. La deuxième guerre mondiale en empêchant les activités d’import-export, mit fin à la diamanterie.
L’intérêt de Raymond Grosgurin pour le travail de son père a déclenché chez lui une fascination pour les ateliers qui fonctionnaient avec l’énergie de la Divonne : martinets, rasses (scieries), forges, foulons, papeteries, diamanteries… C’est ainsi qu’il a pu nous renseigner avec précision sur les usines divonnaises, leurs droits d’eau et leur évolution. Car les usines (autrement dit : les moulins) se sont constamment recyclées au fil des siècles pour s’adapter à l’évolution économique. Le chapitre Un artisanat spécialisé toujours renouvelé de Divonne au Fil des Siècles est une aide précieuse pour ceux qui s’intéressent à l’histoire des moulins. Et si on le rééditait?
Raymond Grosgurin est décédé le 2 décembre 2015 à l’âge de 88 ans. Nous qui l’avons connu, n’oublierons jamais sa gentillesse, sa courtoisie, sa disponibilité, son élégance. Il était généreux et modeste, profondément investi dans l’histoire de sa ville, grand travailleur et pourtant jamais satisfait de ses publications : il aurait voulu toujours faire encore mieux, il aurait voulu toujours avoir plus de temps.
Prenez soin de ses livres et de ses brochures ! Ils sont précieux!












