Divonne 2000 était un projet immobilier pharaonique apparu dans les années 80. Il aurait occupé toute la zone entre le lac de Divonne et la Divonne-Versoix pour en faire un méga-complexe touristique d’une centaine d’hectares dont 75 appartenaient à la ville. Un projet délirant qui aurait bradé les terrains communaux, en les louant à un Franc le mètre carré. Le promoteur, Armando Engel, imaginait même de déplacer l’hippodrome pour le reconstruire plus loin! La ville aurait assuré les frais de ce déplacement et le coût des travaux de voirie. La zone humide du marais, déjà rétrécie par la construction du lac, aurait été encore diminuée.
Dans son avant projet, Armando Engel prévoyait :
– un motel (3 étoiles, 85 chambres)
– un restaurant panoramique avec discothèque et bowling
– un hôtel (4 étoiles, 120 chambres) relié à un centre de santé
– un hôtel (3 étoiles, 150 chambres) relié à un home d’enfants (capacité 200 enfants)
– un centre d’animation : restaurants, cafés, boutiques, pyramide tropicale transparente et climatisée
– un espace d’expositions, spectacles, concerts, etc.
– un club-house de 100 « juniors, seniors » (petits appartements) avec bar, restaurant, salons saunas, vestiaires
– 40 appartements réservés aux membres du sporting-club
– un golf de 18 trous (50 hectares)
– une « académie » de tennis : un court central, six courts couverts, six courts plein air
– un centre équestre
(source : Gazette de Lausanne du 14 mars 1988)
Le maire de l’époque, Jean Prost, et une partie de la municipalité soutenaient le projet, convaincus qu’il aurait donné un nouvel élan au tourisme local et à la notoriété de Divonne. Dans leur idée, Divonne 2000 accentuait le style sport-santé qu’ils voulaient donner à Divonne. La majorité des Divonnais, par contre, s’opposait à ce projet surdimensionné qui aurait privatisé l’espace public et les aurait dépossédés de LEUR lac. Il n’auraient plus pu faire le tour de LEUR lac, ni à pied, ni en voiture (la circulation automobile était encore autorisée autour du lac à cette époque-là).
L’hippodrome aurait été déplacé.
Il fallait trouver de la place pour ce projet immobilier
gigantesque et ses 60 hectares de golf!
Pendant une dizaine d’années, les débats ont secoué Divonne au sein de la municipalité, dans les familles et dans la rue! Un conseiller municipal, Jean-Claude Pruvost conduisait les opposants qui finalement, ouf! ont gagné. Divonne n’a pas été défigurée. Divonne n’a pas été coupée en deux. On aurait eu rive nord les Divonnais, Gessiens, jurassiens et curistes, contents de se baigner dans une plage modeste et, en face, rive gauche, une haute barre de bâtiments coupant la vue sur la chaîne des Alpes et les Genevois, Vaudois, les gens aisés et les riches étrangers de toutes sortes atterrissant à Cointrin qui n’auraient peut-être pas pris la peine de venir faire un tour au centre-ville pour verser leur obole dans les tiroirs-caisses des commerçants divonnais…
Certes, dans le restaurant panoramique et dans la pyramide tropicale (?) les touristes auraient bénéficie d’une super vue panoramique. Mais les Divonnais auraient-ils vu LEUR Mont-Blanc?
Le maire, Jean Prost, a perdu des plumes dans cette histoire. D’abord sa place de Conseiller Général aux élections de 1988. Puis sa place de maire en 1989.
Journal de Genève – 4 octobre 1988
La moralité de cette histoire est que les Divonnais ne se laissent pas faire. Des résidents déterminés contre un projet immobilier qu’ils estiment inadapté et qui les priverait de leur espace public peuvent bel et bien empêcher la réalisation de ce projet.
Le lac de Divonne – vers l’an 2000?
Le lac de Divonne avant l’Esplanade du Lac









