Combien y-a-t-il de canaux à Divonne?

En règle générale, les moulins à eau étaient construits sur des canaux de dérivation, car les rivières en crue pouvaient détruire les roues et même le moulin. A l’entrée du canal ou sur un seuil en travers de la rivière, on installait des vannes pour réguler le débit du canal. La Divonne a un fort débit, elle grossit rapidement après les orages. Au niveau du casino et de la place de l’Office de Tourisme, une augmentation de la pente lui donne de la vitesse et décuple sa force. Il était donc nécessaire d’installer les moulins sur des canaux, à l’écart de la rivière, à l’abri des crues.

D’autre part, les canaux de dérivation quasiment horizontaux permettaient de créer une chute d’eau de plusieurs mètres, comme le montre la cascade place du bief.

Cliquer sur les photos pour les agrandir.

                                   Canal d’amenée du Moulin David et de l’aqualienne.

Un clapet sur la Divonne régule maintenant le débit
du canal du moulin David et de l’aqualienne.

En aval du passage du Vieux Moulin,
le canal de fuite du Moulin David rend l’eau à la Divonne.

Canal de décharge et prise d’eau du bief.

Le bief et la prise d’eau du « martinet Bastian ».

La cascade place du bief. Déversoir du trop-plein du bief.

Le canal de fuite du bief rejoint la Divonne.

Départ du canal de l’ex-scierie Martin.
Photo prise avant les ravages du capricorne asiatique.

Les canaux divonnais aujourd’hui sont :
– canal du moulin David et de l’aqualienne (date du Moyen Âge)
– canal de décharge du bief
– bief (alimentait plusieurs moulins)
– canal de l’ex-scierie Martin
+ en aval du pont des îles :
– canal de Crans (date du Moyen Âge)
– canal de Greny (date du Moyen Âge)
Nous avons six canaux en eau toute l’année, auxquels nous pouvons ajouter le canal bétonné qui passe à côté du Div’ Café. Il alimentait jadis deux moulins. Il sert maintenant à endiguer le trop-plein de la Divonne en cas de hautes eaux. Il y a en outre un canal à peine visible qui prend l’eau de la source Vidart, si court qu’on hésite à le considérer comme un canal, mais il est toujours en fonction, utilisé par le casino, digne, donc, du statut de canal. Cela nous fait huit canaux actuellement à Divonne. Si nous comptions le canal qui alimentait autrefois la « mécanique Barberat » (il est à sec et se trouve sur une propriété privée) et l’ex-canal qui prenait l’eau au barrage du Paradis (il est toujours à sec, heureusement, car c’est maintenant un chemin de promenade) alors, nous aurions dix canaux.

D’après le plan des pages 222-223 de Divonne au fil des siècles de Raymond Grosgurin, il y avait d’autres canaux à Divonne en 1861. Ils ont été détruits, obturés ou recouverts. Le plan indique que deux canaux partaient de la source Amélie (ou de la Mélie). Nous n’arrivons pas à les situer.
– Un canal suspendu alimentait le moulin Muller devenu diamanterie Benoit-Gonin.
– Un canal alimentait la scierie Fosseret qui a fonctionné jusqu’en 1893. Elle se trouvait à l’emplacement de l’hôtel de ville.
– Un canal suspendu alimentait la scierie Olivet. Il prenait l’eau dans le bief au niveau du restaurant de La Truite. Les grosses pierres de taille place du bief qui servent de bancs publics sont des vestiges de cette scierie.

Il y avait une douzaine de canaux de dérivation en eau vive, à Divonne au 19e siècle…

Un canal disparu : long de 600 mètres, il a alimenté l’usine hydroélectrique
du pont des îles de 1900 à 1985.

Il faut aussi mentionner l’aqueduc romain, construit probablement au 1er siècle, un aqueduc souterrain de 10 ou 11 km qui captait les sources divonnaises près du casino. Il a conduit l’eau pure de Divonne jusqu’à Noviodunum (Nyon), le centre urbain de la Colonie Julia Equestris dont Divonne faisait partie, pendant probablement 250 ans. Il approvisionnait les thermes et les fontaines publiques de Noviodunum, ainsi que des propriétés de riches particuliers.

Tronçon de l’aqueduc romain
reconstitué en mai 2018 au bord du lac de Divonne.
Un regard de visite a été aménagé avenue de l’aqueduc
pour que l’on puisse observer l’authentique aqueduc.

Des vannes étaient nécessaires pour réguler le débit des canaux
Les vannes (canal du moulin David) construites par Eugène Goudard
vers 1885 pour sa diamanterie au moulin David.

Les vannes du moulin David en 2018.

Les vannes appelées « digue » sur les plans anciens,
régulant le bief.

Les mêmes vannes à l’époque où le bâtiment à l’arrière
était la blanchisserie de l’hôtel Paris-Rome.

En aval du pont Bacon, vannes de la prise d’eau
du canal de la scierie Martin.

Les mêmes vannes en 2018.

Le canal de la scierie Martin en juin 2018.

Et pour conclure, laissons la parole à cette vanne mélancolique, témoin du passé industrieux de Divonne et gardienne de la source Vidart. Les vannes nous expliquent comment les Divonnais ont efficacement collaboré avec leur rivière pendant des siècles par l’entremise des canaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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