Le prince Félix Youssoupoff a aimé Divonne

Mémoires du prince YoussoupoffLe prince russe Félix Youssoupoff raconte dans ses mémoires qu’il a fait un séjour à Divonne en 1907 avec son frère. A l’époque, il avait 20 ans et il était immensément riche, plus riche que le tsar, dit-on. Il a certainement aimé Divonne, puisqu’il choisit d’y revenir après la révolution, quand son médecin lui a prescrit une cure de repos, en 1920. Mais alors, la révolution russe avait bouleversé sa vie. Sa fortune avait disparu. Il était épuisé. Et quand il arriva à Divonne pour ce second séjour, Divonne avait changé…
« Je ne reconnus pas Divonne. Un immense palace, l’Hôtel Chicago, écrasant de sa masse les hôtels qui l’entouraient, avaient fâcheusement transformé le caractère de l’endroit qui avait perdu son charme et sa simplicité. »
L'Hôtel Chicago écrase...
Hôtel Chicago avec le ciel bleuL’hôtel Chicago, restauré à l’identique dans le style Art Nouveau, est aujourd’hui une résidence privée que tout le monde admire. Mais le prince Félix Youssoupov avait possédé d’immenses palais, autrement plus impressionnants! L’hôtel Chicago, semblable aux sanatoriums suisses ou aux pensions de montagne d’Europe centrale a dû lui paraître rustique, ordinaire… Les vitraux Art Nouveau, le cygne de marbre dans le hall d’entrée, les ferronneries d’art des balcons éblouissaient les Divonnais. Ils semblaient probablement médiocres au prince en comparaison des décorations de son palais La Moïka à Saint-Pétersbourg…
                                    Le cygne qui ornait l’escalier de l’hôtel Chicago
et qui orne toujours cet escalier, l’hôtel étant devenu la Résidence du Parc.

Lors de ce deuxième séjour, le prince Félix Youssoupov était accompagné de son épouse Irina Alexandrovna, nièce de Nicolas II, d’une infirmière et d’un domestique. Son traitement thermal consistait en douches écossaises, massages et longues heures de repos étendu sur la terrasse. Il était d’usage à l’époque de compléter les soins hydrothérapiques, par une « cure d’air » ou de luminothérapie.
                                    Le prince Félix Youssoupov et son épouse Irina en 1914.

Toujours dans ses Mémoires, le prince Youssoupoff évoque son troisième séjour à Divonne, qu’il situe en 1928. Il raconte comment madame Pitts, la mère de son amie Hélèna Pitts, une dame « très collet monté », refusa de le saluer en s’exclamant sur un ton courroucé : « Je refuse de serrer la main d’un assassin ». Le prince Youssoupoff a dû affronter ce genre de réflexions jusqu’à la fin de sa vie. On lui reprochait d’avoir participé en 1916, dans son palais de la Moïka, à l’assassinat de Grigori Raspoutine, un paysan hypnotiseur et guérisseur qui, devenu le confident de la tsarine parce qu’il soignait son fils atteint d’hémophilie, avait acquis une influence démesurée sur la famille impériale. Le prince donne dans ses mémoires une version controversée des faits. Il n’avait probablement pas une sensibilité d’assassin. Qu’il ait agi sous l’influence de ses amis ou  qu’il ait été manipulé par des agents anglais, il avait participé à cet assassinat à contre-coeur. Il dit avoir beaucoup souffert de ces reproches haineux qui le poursuivaient partout.

Le prince Félix Youssoupov a laissé trace de son passage dans le livre d’or de l’hôtel-restaurant Bellevue-Marquis en 1924 et en 1931, et dans le livre d’or du restaurant La Truite en 1927. Son nom s’orthographiait avec deux f.

 

 

 

 

 

 

On lit en bas de la page de gauche la signature d’Hélèna Pitts. La scène avec madame Pitts mère aurait eu lieu en 1924? Peu importe.

Il semble que Félix Youssoupov soit revenu ensuite à Divonne. Il a logé à la villa des roses quelques années avant son décès, affirme la propriétaire de cette jolie villa. (Il est décédé en 1967). S’il est revenu plusieurs fois, c’est bien qu’il a aimé Divonne!
                                       Irina et Félix Youssoupov dans les années 20

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