Napoléon Jérôme Bonaparte,
alias prince Napoléon, (1822-1891),
était le neveu de Napoléon 1er,
le cousin de Napoléon III,
le fils de Jérôme Bonaparte,
le frère de la Princesse Mathilde,
le mari de Clotilde de Savoie.
Le Prince Napoléon a fréquenté Divonne en voisin et ami, quand il séjournait dans sa propriété de Prangins (en Suisse, canton de Vaud à une quinzaine de kilomètres de Divonne), en tous cas avant la proscription de 1886 qui a interdit la France à la famille Bonaparte.
On pouvait lire dans Le Monde Illustré du 13 mai 1865 :
« Séjour de S. A. I. le prince Napoléon à l’établissement hydrothérapique de Divonne (Ain) – ACTUALITE – Le dimanche, jour de Pâques, son A.I. le prince Napoléon accompagné de son aide de camp le colonel Ragon et de son médecin ordinaire, le docteur Yvan s’est installé dans le bel établissement du docteur P. Vidart. Après avoir parcouru le parc en tous sens, visité les sources qui jaillissent dans la propriété même, admiré la perfection et la variété des appareils hydrothérapiques, son A. I. a désiré prendre un bain froid dans la grande piscine de porcelaine représentée dans le croquis que je vous adresse. (…) Son A. I. en quittant Divonne a témoigné personnellement au docteur P. Vidart toute sa satisfaction et a bien voulu lui faire espérer une seconde et prochaine visite. » EUGENE DUFAUX
Les gravures sont signées F. Thorigny. Le monsieur en haut-de-forme, les bras croisés derrière le dos, c’est Plon-Plon. La dame en crinoline, probablement son épouse. Il n’y a rien de désobligeant à appeler le cousin de l’Empereur Plon-Plon. Sa famille l’appelait comme ça, les Français aussi. On raconte qu’enfant, il n’arrivait pas à prononcer son prénom. « – Oh! le joli Bambin. Comment tu t’appelles? – Plon-Plon! » Napoléon est décidément un prénom bien difficile à porter!
En octobre 1866, le journaliste Auguste Arène écrivait une longue lettre à son ami le docteur Paul Vidart. Il décrivait tout émerveillé l’institut hydrothérapique et ses hôtes de marque. « Son Altesse le Prince Napoléon, accompagné de l’un de ses aides de camp, M. Brançon, et de son intendant M. le colonel Rangon, avait quitté sa villa de Prangins pour venir prendre des douches. » écrivait-il (Auguste Arène, Lettres historiques sur Divonne et le Pays de Gex). Tiens! L’aide de camp du prince a changé. Et le colonel Ragon (ou Rangon?) est devenu intendant…
Comment Plon-Plon a acheté la Bergerie de Prangins
Joseph Bonaparte, le frère aîné de Napoléon 1er, avait acheté en 1814 le château de Prangins (aujourd’hui musée national suisse) et la Bergerie, propriété voisine. Il n’en n’a pas profité longtemps. Il a été obligé de s’exiler à la chute du 1er Empire. Il a revendu le château de Prangins et la Bergerie en 1827. Plon-Plon avait alors 5 ans et les éloges qu’il entendait de ce magnifique domaine au bord du lac Léman l’ont marqué. Plus tard, en 1859, il racheta la Bergerie et y fit construire une résidence, la villa Prangins. Quand en 1865, il est tombé en disgrâce, il s’y est retiré. C’est à cette époque qu’il est venu visiter l’institut hydrothérapique de Divonne. Et c’est là que le docteur Paul Vidart lui a rendu visite. Auguste Arène raconte que le prince Napoléon n’ouvrait pas ses portes à n’importe qui. « Mais pour vous, Docteur, à la vue de la livrée dont votre cocher est décoré, la concierge s’empresse d’ouvrir la grille à deux battants. » C’est dire que le docteur Paul Vidart et le Prince Napoléon étaient en excellents termes. Voici l’aspect actuel de la villa Prangins. Elle a été modifiée, simplifiée, quand elle a été reconstruite après un incendie en 1900. C’est maintenant le Golf House du Golf Impérial de Gland (propriété privée).
Quelle vie mouvementée! Et comme les empires chutent! François Berthet, l’intendant de Plon-Plon explique dans sa biographie « Le vrai prince Napoléon » : « A la suite des événements de 1870 et de la chute de l’Empire, le prince Napoléon morcela cette propriété en vendant le château édifié en 1860 et une partie du domaine de la Bergerie. Mais il en garda le morceau le plus pittoresque, dont la superficie était encore de 75 ha. Le prince y fit bâtir une villa toute simple et confortable, d’aspect Louis XIII. »
C’est dans cette villa « toute simple » que Plon-Plon se retira définitivement en 1886, après la promulgation de la loi qui interdisait le territoire de la République aux familles ayant régné en France. Le docteur Paul Vidart, décédé en 1873, ne l’a peut-être vue qu’en construction. Nous n’avons pas de photo de cette villa, juste un plan.
Après la proscription de 1886, Plon-Plon osa-t-il enfreindre la loi et passer la frontière pour venir incognito à Divonne prendre des douches à l’établissement hydrothérapique? Son biographe François Berthet qui vivait près de lui et a décrit sa vie quotidienne avec force détails, ne le mentionne pas. Pour plus de renseignements :
– François Berthet-Leleux – Le vrai prince Napoléon – Grasset 1932
– Gérard Miège – La Suisse des Bonaparte – Cabédita 2007.